Présentation détaillée de l’ouvrage « La cryptomonnaie autrement »
A travers cet ouvrage, j’ai voulu abordé le sujet de la cryptomonnaie d’un point de vue épistémologique, seule approche à même, selon moi, de véritablement démystifier cette entité numérique qu’est la cryptomonnaie et le monde à laquelle elle nous prépare. Pour ceux qui voudraient donc un aperçu global du contenu de mon livre et savoir comment je l’ai structuré, en voici un petit résumé détaillé :
Dans la première partie, j’aborde l’effet de la gestion capitaliste sur le progrès des outils technologiques et, en particulier, sur « l’outil d’aide à calculer ». Les premiers effets du capitalisme sur le progrès de « l’outil d’aide à calculer » apparaissent comme étant la mise en place d’un procès d’automatisation. J’essaye alors de définir ce procès d’automatisation, à la fois, selon la logique de la production de l’Outil (au sens large) mais aussi à travers l’histoire des inventions relatives à « l’outil d’aide au calcul » qui ont subi les premiers effets propre à la gestion capitaliste d’un mode de production industriel émergent (l’invention de la machine à calculer de Pascal marque, selon moi, le début d’un nouveau genre d’outil d’aide au calcul). C’est à la lumière de cette double approche, que j’identifie l’ordinateur moderne comme l’aboutissement historique de « l’outil d’aide au calcul » en tant qu’expression matérielle finalisée (« cristallisation ») de ce procès d’automatisation ; mais aussi en tant qu’identification matérielle d’un progrès technologique et d’un mode de gestion politique qui a précipité son avènement (en l’occurrence capitaliste).
Je montre que ce procès d’automatisation s’élargit au plan infrastructural à travers une infrastructure inédite de la communication qu’est l’infrastructure du numérique. Cette dernière est, en quelque sorte, une expression macro-sociale du procès d’automatisation qui s’était accompli au sein de l’ordinateur.
Dans la deuxième partie, je décris quelles sont les particularités de cette infrastructure du numérique et quelle rôle joue t-elle finalement au sein de l’ensemble infrastructural, tel que l’a défini le philosophe Michel Clouscard. Je propose alors une définition de l’Information que j’élabore à partir des concepts clouscardiens et qui m’amène à la définir étymologiquement comme un mode particulier de la circulation des signes, notamment idéologiques. J’oppose alors cette approche de l’information par la circulation idéologique à une conception du Savoir qui s’élabore hors de cette circulation, dans des centres formels – ou informels – de production du Savoir, dans la continuité de la logique du travail matérialisée par les différentes couches infrastructurales définies par Clouscard ; et en tant que médiation existentielle du travail par le travail lui-même (le travail créant ces propres médiations, à la fois sur le plan infrastructural et sur le plan existentiel).
Enfin, dans la troisième partie, je tente de définir la cryptomonnaie à l’aune des notions dégagées dans les deux premières parties, notamment celles de « procès d’automatisation », « d’Infrastructural » et « d’Information ». Je démontre alors en quoi la monnaie est un langage de la valeur, en quoi la cryptomonnaie a révélé la dimension infrastructurale de la monnaie, comme support matériel à la syntaxe de ce langage ; et en quoi, finalement, le fétichisme qu’il y a eu durant des siècles autour de ce métal précieux qu’est l’or n’est finalement que l’expression intuitive, pour les utilisateurs de la monnaie, de la nécessité de se référer à une véritable infrastructure dédiée à la valeur, qui peinait alors (et peine toujours d’ailleurs) à se reconnaître et à être reconnue en tant que telle. Je montre en quoi la monnaie est infrastructure et en quoi elle est une infrastructure de la communication dédiée à la circulation des signes de valeur. Enfin, je montre également comment, grâce au progrès du numérique au sein des technologies de la télécommunication, la cryptomonnaie est une forme – la forme ? – certes inédite, mais la plus aboutie que pouvait prendre jusqu’ici la monnaie. Et à travers son expression historique qu’est le Bitcoin, elle se révèle paradoxalement une récupération des « progrès » de ce procès d’automatisation – capitaliste – par le travail lui-même et l’éthique qui lui est attachée. En cela, le travail accède à l’auto-gestion (au sens clouscardien du terme).
Je démontre, par ailleurs, en quoi le concept d’autogestion élaboré par Clouscard et exhaussé comme solution révolutionnaire s’exprime, selon moi, parfaitement à travers le Bitcoin et l’écosystème d’entreprises et d’utilisateurs qu’il génère autour de lui de façon, certes, encore embryonnaire. Je tente alors de replacer le travailleur collectif (concept clouscardien) dans cette dynamique autogestionnaire qui s’est amorcée dans le domaine monétaire (au niveau de notre instrument de mesure de la valeur qu’est la monnaie), et qui nous permet d’entrevoir et d’appréhender toute une dimension politique qu’il nous faudra redéfinir et accomplir en tant qu’ usage auto-gestionnaire de la cryptomonnaie ; seul usage démocratique garantissant, à terme, la meilleure circulation possible des marchandises et la reconquête d’une certaine autonomie du monde du travail et de la production vis à vis du libre-marché et de son système bancaire mondialisé de plus en plus spoliateur.
GD