Réflexion : Bitcoin, énergivore ? (2ème partie)
a) Le mode « syllogistique » de l’idéologie
L’idéologie néo-libérale actuelle a su mettre à profit le syllogisme comme mode de justification logique de ses visées politiques. Elle en fait donc un usage à l’opposé de la démarche d’Aristote qui l’utilisait comme un moyen de décrire fidèlement une certaine matérialité du réel. Aussi, exhausse t-elle désormais la rigueur du formalisme syllogistique en une vérité réellement établie, et non en vecteur de cette vérité. On aboutit alors à un résultat qui reflète parfaitement son credo actuel : un raisonnement faux parfaitement logique !
Mais illustrons un peu notre propos. Tout le monde se rappelle du célèbre syllogisme :
« Tous les hommes son mortels (premier prémisse). Or Socrate est un homme (deuxième prémisse). Donc Socrate est mortel. (conclusion). »
Si l’une des propositions opérant comme prémisses est fausse, tout le raisonnement devient faux… quoique parfaitement logique dans sa structure même. Par exemple, on pourrait avoir :
« Tous les éléphants ont une trompe. Or Socrate est un éléphant. Donc Socrate a une trompe ».
Ce qui est faux car Socrate n’a jamais été un éléphant et n’a jamais eu de trompe…
Ce qui pourrait nous faire rire au premier abord, à travers un exemple caricatural, révèle pourtant la façon dont procède l’idéologie actuelle. Les dogmes environnementaux qui s’imposent à nous comme vérité établie à travers un « consensus scientifique » témoigne de la toute-puissance d’une logique formelle qui peut désormais s’imposer politiquement, comme preuve de vérité et indépendamment de la réalité économique et sociale qu’elle occulte. Les dogmes environnementaux peuvent alors pulluler au sein de cette logique formelle au gré de leurs variantes propositionnelles comme autant de jugements de valeur idéologiquement orientés. On pourrait d’ailleurs s’amuser à en énoncer quelques uns qui pèsent aujourd’hui sur le protocole Bitcoin. Par exemple :
« Tout surplus de consommation énergétique est mal. Or Bitcoin est mal. Donc Bitcoin est un surplus de consommation. »
« Tout Réchauffement Climatique est une menace pour la planète. Or Bitcoin contribue au réchauffement climatique. Donc Bitcoin est une menace pour la planète. »
« Tout polluant est à supprimer. Or, Bitcoin est un polluant. Donc Bitcoin est à supprimer. »
La liste n’est évidemment pas exhaustive et s’affine à l’infini au gré des jugements de valeur sur Bitcoin, sans fondements scientifiques véritables, auxquels on juxtapose une logique formelle implacable, garante de scientificité apparente.
b) Conséquences sur le calcul de la consommation d’énergie
C’est en nous référant à cette approche « dé-constructive…» que nous avons voulu distinguer, dans la première partie de notre exposé, ce que l’on entend par « consommer de l’énergie » de ce que l’on entend par « dépenser de l’énergie » ; ces deux distinctions se révélant intimement liées quand on les envisage sur un plan social.
Ainsi, par « consommation d’énergie », nous avons voulu réintégrer la dimension sociale que cette expression comporte et en quoi elle devait alors se distinguer de la « dissipation physique d’énergie ».
Toute la difficulté , pour l’idéologie, semble alors d’identifier ce qui, dans cette dimension sociale, pourrait être considérée comme analogue à de la dissipation physique d’énergie, c’est-à-dire pertes pures.
Or, en abordant cette question sociale de façon réaliste, on s’aperçoit que le système bancaire aujourd’hui ne participe plus du travail de régulation de la production économique et que, de ce point de vue, il est apparu aux yeux de Satoshi Nakamoto, l’inventeur du protocole Bitcoin, ainsi que des nombreux cypher punks des années 90 avant lui (dont il était peut-être), que ce système bancaire encouragerait plutôt une vaste « dissipation sociale d’énergie » plutôt qu’une « consommation utile d’énergie » propre à une fonction bancaire vertueuse de l’économie.
Aussi, avons-nous voulu montrer que, par exemple, déconnecté de la fonction économico-sociale (réelle ou en puissance) que permet d’assurer le protocole Bitcoin, le calcul de la consommation d’électricité annuelle de Bitcoin ne veut rien dire. Car cela reviendrait à juger, par exemple, un mode de consommation alimentaire par la quantité d’excréments qu’il génère dans la nature. Or Bitcoin est aussi un « mode de consommation » d’électricité (parmi d’autres) et non simplement une quantité d’énergie électrique consommée. Un tel calcul ne servirait alors qu’à justifier un jugement, pour le moins, partial.
c) La source d’énergie
Lorsque l’on dépense de l’énergie se pose, par ailleurs, la question de la nature de notre source d’énergie. Sur le plan physiologique, si l’on souhaite, par exemple, que notre corps nous fournisse un bon flux énergétique, nous assure une bonne vitalité, au moment où l’on fournira un effort, il vaut mieux manger équilibré plutôt que trop gras, trop sucré, ou trop transformé (ce qui a trait à la qualité des aliments) tout en évitant de grignoter entre les repas (ce qui a trait aux comportements alimentaires, au mode d’alimentation). Aussi, est-il, en effet, difficile de juger si une personne se nourrit bien ou mal en ne regardant que la quantité de ses excréments …
C’est pourtant ce que l’on voudrait nous faire croire aujourd’hui en mesurant la quantité d’énergie électrique consommée par le minage de Bitcoin en faisant totalement abstraction du travail de sécurisation et de transparence qu’il assure par le travail de minage.
Nous allons tenter maintenant de juger (de façon rationnel et réaliste) de la qualité des sources d’énergie utilisées dans le monde afin d’avoir une idée de leur efficacité dans le travail fourni. Autrement dit, tenter de savoir quelle source d’énergie sera justement la moins à même de se dissiper, d’un point de vue physique, au regard du travail productif ; un rapport donc entre énergie dépensée et énergie dissipée. Et cette « propension à se dissiper » de l’énergie s’apprécie d’abord au regard du type d’énergie utilisé, de la qualité de la source d’énergie utilisée.
Car nous allons le voir, cette qualité de la source d’énergie est ce qui fonde l’efficacité de la force productive de travail et influence donc la valeur des richesses produites.
d) Rappel entre valeur et force productive de travail
Marx dégageait de son étude sur la valeur la relation logique suivante : plus grande sera la force productive de travail pour créer une richesse, moins grand sera le temps de travail qui s’exprimera en elle et plus faible sera sa valeur au moment de l’échange ; cette force productive de travail rend-compte, ainsi, de son efficacité et de sa qualité à travers le produit créé. C’est, du moins, le principe qui préside à une juste mesure de la valeur au sein d’une économie marchande. De l’autre côté, plus faible sera la force productive de travail pour produire une richesse, plus grand sera le temps de travail pour la produire et donc plus grande sera la valeur qui s’exprimera en elle quand viendra le moment de l’échanger contre de l’argent. La valeur sert alors, dans une économie idéale, d’indice pour apprécier le progrès de la force productive de travail.
d) Les énergies stockables et non-stockables
On peut finalement distinguer, aujourd’hui, deux grands types de sources d’énergie :
- Les sources d’énergies stockables et
- les sources d’énergies non-stockables.
Ces sources d’énergies sont à l’origine du flux énergétique qui permet de fournir, en général, un travail moteur ou un travail de transmission signalétique. Il faut, par ailleurs, distinguer la source, à proprement parlée – pétrole, uranium, hauteur d’eau, etc. – du flux énergétique – chaleur, électricité, lumière, vapeur d’eau etc. issue de la réaction chimique ou physique effectuée à partir de cette source – qui alimente, anime le travail productif souhaité . Le corps humain est, en quelque sorte, identité de la source d’énergie et du flux d’énergie (on pourrait peut-être parler, à ce titre, d’influx énergétique ou vital). Par ailleurs, le corps humain est, par définition, une source d’énergie stockable (car stockée au sein d’un corps humain) et prouve qu’en tant qu’étymologie de toute source d’énergie, une énergie stockable est préférable car elle en permet une plus grande maîtrise qui la rend, de facto, plus efficace sous la notion de travail.
En règle générale donc, les sources d’énergie stockables sont beaucoup plus efficaces pour la production humaine que les sources d’énergies non-stockables qui peuvent, dès lors, intervenir davantage comme appoint des énergies stockables et répondre à des travaux spécifiques.
Parmi ces énergies stockables, les énergies fossiles ont prouvé leur efficacité pour atteindre le niveau de production historique que l’on connaît aujourd’hui mais aussi pour le maintenir dans la durée. Mais d’autres sources d’énergies stockables ont prouvé également leur efficacité selon la spécificité du travail demandé, selon les besoins de la production :
- Il y a la charge d’eau qui a pu être retenue grâce à la construction à grande échelle de barrages hydrauliques (véritables prouesses techniques qui permettent de maîtriser une capacité de débit énorme (flux énergétique) à partir de plusieurs millions de mètres-cubes d’eau) ;
- Il y a l’uranium qu’utilisent les centrales nucléaires, sous forme de combustibles nucléaires stockables, fabriqués par l’homme, pour maîtriser au mieux la fission nucléaire.
- Les batteries électriques sont également, dans notre perspective, des énergies stockables capables d’offrir directement de l’électricité, précieuse pour de nombreuses activités humaines. On peut d’ailleurs faire un distinguo entre les sources d’énergies stockables brutes ou naturelles (comme le pétrole) et les sources d’énergie stockables fabriquées ou d’origine anthropique (comme les batteries électriques). Ces batteries offrent toutefois, et en général, une moindre efficacité dans les travaux moteurs.
- On pense également au biocarburants qui demeurent, néanmoins, moins performants que les carburants issus des énergies fossiles mais qui permettent d’augmenter la variété des sources d’énergie de nos carburants en tentant de les diversifier. Toutefois, ont-ils vraiment un moindre impact que l’extraction des énergies fossiles sur l’environnement direct des populations ? Le débat reste entier.
Les énergies non-stockables – dont se composent la plupart des usages liés aux énergies dîtes renouvelables – se sont révélées historiquement moins efficaces et n’ont pas été à l’origine de ce saut qualitatif qui a permis le passage de la société pré-industrielle à la société industrialisée d’aujourd’hui. Parmi ces énergies non-stockables, on peut citer :
- le rayonnement solaire et
- le vent
Ces sources d’énergies sont, en vérité, des flux énergétiques bruts sur lesquels l’homme a plus ou moins de prises et qu’il maîtrise plus ou moins efficacement.
Une énergie (source + flux) efficace pour le travail humain, comme le permettent en général les énergies stockables, participe donc d’une meilleure productivité au regard de la richesse produite. En d’autres termes, les énergies stockables permettent de dépenser plus efficacement l’énergie et garantissent, en général, une gain de productivité pour l’homme, c’est-à-dire une augmentation de la force productive de travail. Elles ne sont donc pas à rejeter en bloc sans avoir effectuée cette distinction fondamentale.
e) Du caractère néfaste de la source d’énergie
Avant de pouvoir juger du caractère néfaste d’une source d’énergie sur l’environnement ou pour l’homme, nous avons procédé méthodiquement en tentant de remettre sur pied l’ordre des priorités qui préside à une activité économique quand se pose à elle le choix de la source d’énergie. Et les catégories que nous avons mis en évidence semblent celles qui ont su guider au mieux le progrès historique de la production économique.
Il faut donc reconnaître d’abord que les sources d’énergie stockables ont été historiquement et, en général, plus efficaces pour une grande variété d’activités humaines.
Ensuite, reconnaître également que beaucoup de ces énergies stockables (comme les énergies fossiles ou nucléaire) peuvent avoir un caractère polluant. Dans une économie de marché avancée comme la nôtre, un premier dilemme semble se poser à nous. Le choix entre :
une énergie efficace et polluante ?
ou une énergie inefficace mais non-polluante ?
Les défis à relever aujourd’hui autour des innovations techniques et scientifiques ont donc comme finalité :
- la production d’une énergie efficace nettement moins polluante qu’auparavant et
- la production d’une énergie nettement moins inefficace (par rapport à un certain type d’énergie) et non-polluante.
La particularité des situations et la complexité de nombreux paramètres à prendre en compte pour relever ces défis ne peut-être balayer à coût de statistiques qui veulent dire, par définition, « tout et son contraire » ou par la stigmatisation d’une source d’énergie au détriment de l’autre à travers des termes idéologiquement orientés comme « carbonées », « fossiles », « polluantes », etc.
f) La réponse proportionnée plutôt que la stigmatisation
Aussi, faut-il se demander ce que l’on entend par « énergie polluante » ?
C’est qu’il existe, de fait, des activités humaines plus polluantes que d’autres ! Chercher du cobalt dans une mine est, de fait, plus polluant que chercher des champignons ou du miel sauvage dans la forêt…
D’autres part, les projets que l’on envisage à grande échelle, causeront très probablement une pollution incidente au regard des propriétés de la source utilisée à cette échelle.
Ainsi, on s’aperçoit que la pollution dont on parle n’est finalement réduite qu’à l’expression d’une dissipation physique de l’énergie (comme, par exemple, les particules fines dans l’air, la concentration d’éléments chimiques toxiques dans l’eau potable, etc.) dont les effets sont problématiques sur un plan social. Les questions que l’on devrait donc se poser pourraient être les suivantes :
- A partir de quelle échelle l’usage d’une source d’énergie poserait problème pour la santé humaine et pour l’environnement au regard de ses propriétés particulières ?
- Est-ce que le bénéfice social que l’on tire d’une activité humaine est suffisamment conséquent pour tolérer une pollution relative (en ce sens qu’elle serait connue et maîtrisée) ?
Ainsi, n’est-ce pas plutôt l’usage particulier d’une source d’énergie (à travers des projets d’envergure et des modes opératoires privilégiés) plutôt que les propriétés physiques spécifiques de la source qui sont la cause de la pollution ?
Ce sont des questions qui ont, en tout cas, le mérite de prendre la mesure de la complexité du problème et ne pas le balayer d’un revers de stigmatisation idéologique.
Car, en effet, si on ne voit comme cause de la pollution que les propriétés physico-chimique inhérentes à une source d’énergie, on occulte la dimension économique et sociale qu’implique nécessairement l’usage que l’on peut faire de cette source d’énergie elle-même.
Il en est ainsi de la voiture, symbole de notre modernité industrielle, pour laquelle l’idéologie semble vouloir résoudre une problématique qui a davantage trait à un mauvais usage d’une source d’énergie fossile – cause probable de la pollution – qu’aux effets, sur le plan social, de sa dissipation physique. L’idéologie actuelle semble donc prendre l’effet – l’émission quantitative de polluants à partir d’une source d’énergie fossile – pour la cause – à savoir un certain mode de production économique qui encouragerait cette émission quantitative de polluants.
Aussi, on aboutit à ce genre d’apories qui viennent biaiser le débat sur la pollution :
La voiture est-elle finalement outil de travail ou un outil de loisir ? Autrement dit, le véhicule à moteur pollue t-il trop quand le petit agriculteur doit labourer son champs ? Quand l’infirmier libéral doit se déplacer à domicile pour prodiguer ses soins dans des endroits reculés ? Ou bien quand le père de famille emmène ses enfants à la plage ? Quand il faut emmener Régine danser en boîte ? Ou encore quand il faut emmener un couple royal britannique dîner à Versailles ?
Et les mêmes apories apparaissent sur la question de la « consommation d’électricité ». Pour quel usage l’électricité devient une « consommation à surveiller » ? Quand les artisans bouchers particuliers investissent dans leurs propres chambres froides pour gagner en autonomie pour la conservation de la viande ? Quand Mémé, plus fragile avec l’âge, cherche à se chauffer convenablement en hiver ? Ou bien quand la machine à sous du casino du coin fonctionne toute la nuit pour ses clients ?
Se pose alors (et subsidiairement) la question de l’accès pour tous à l’électricité qu’offre une infrastructure nationale électrique : progrès social ou surconsommation inéluctable ?
g) Le prix de l’électricité
Si l’accès pour tous à l’électricité est un progrès social, la force productive de travail qui a augmenté au fil des décennies, et s’exprime aujourd’hui à travers toute une infrastructure nationale aurait dû entraîner une baisse de la valeur de l’électricité disponible pour tous et donc un prix de l’électricité plutôt faible. Or ce qui semble être proposé au citoyen aujourd’hui, c’est un prix de l’électricité constamment en hausse. Est-ce à dire que l’accès pour tous à l’électricité signifie pour l’idéologie une surconsommation inéluctable ? En tout cas, enjoindre les citoyens à surveiller leur consommation électrique alors qu’un prix de l’électricité les étrangle au portefeuille un peu plus chaque mois semble convenir à cette vision du progrès. Et en supposant que notre hypothèse est la bonne, le prix élevé viendrait alors tempérer une surconsommation à venir. C’est du moins la justification idéologique qui en découlerait.
Cependant, d’un autre côté, on s’aperçoit que l’infrastructure est vieillissante et tend à dysfonctionner. Est-ce que les travailleurs seraient devenus fainéants ? D’ailleurs, est-ce la fainéantise des travailleurs qui est principalement à l’origine du chômage de masse ? Il semble qu’avant de juger du mode vie d’une population on doive juger de la logique économique qui sous-tend la gestion politique d’un pays, d’une nation. Or il semblerait que ce mode de gestion politique – le capitalisme – soit intrinsèquement générateur de pollution.
h) De la question de la pollution et de la surconsommation d’énergie
La question de la pollution et de la surconsommation énergétique ne doit donc pas être réduite à la nature d’une source d’énergie d’un côté, et à l’usage que l’on peut en faire de l’autre. Elle doit intégrer les deux ! Car pour polluer et surconsommer il faut les deux. Il faut des propriétés physiques et chimiques propres à une source d’énergie. Mais aussi un mauvais usage social de cette source d’énergie. Toutefois, l’idéologie aujourd’hui stigmatise un certain type d’énergie (à travers leurs propriétés physiques et chimiques particulières : fossiles et nucléaire, par exemple) et réduit un mode de production économique (le capitalisme) à un usage existentiel (mode de vie). Or, le mode de vie que peut conditionner une société est sans doute ce qu’il y a de plus variable dans l’ordre économico-social. Et vouloir directement légiférer sur une variable est logiquement voué à l’échec.
i) Bitcoin en solution face à un combo perdant (mauvaise source d’énergie + mauvaise monnaie)
Avec des sources d’énergies stockables, telles les centrales nucléaires ou les énergies fossiles tant décriées, l’électricité aurait dû être beaucoup moins chère au sein d’une infrastructure censée redistribuer cette électricité à l’ensemble des citoyens. Or, avec les énergies non-stockables, moins aptes par définition à délivrer les mêmes capacités d’approvisionnement énergétiques que les énergies stockables, on nous incite à opter indifféremment pour une moindre efficacité énergétique pour un prix de l’électricité plus élevé. Mais en plus, ce prix est fixé à partir d’une monnaie qui n’a plus de valeur elle-même à cause de sa dilution permanente suite aux pratiques spéculatives des marchés financiers. Les taxes fixées arbitrairement au nom de dogmes environnementaux (tels le Réchauffement Climatique) n’aideront certainement pas cette monnaie à retrouver de sa valeur. D’où la formidable prouesse du Bitcoin d’être, en même temps, un nouvel étalon des prix capable de faire tendre à la baisse un prix de l’électricité à son point de stabilité optimum et redonner à ces utilisateurs un pouvoir d’achat en lien avec un bon rendement énergétique.
j) Un remarquable numéro de contorsionniste
Ce qui tend à nous être imposé en France, en Europe et, plus généralement, dans les pays post-industrialisés est donc une énergie de mauvaise qualité (car moins efficace en productivité) et très chère ! Et pour justifier les coûts de production toujours plus élevés de ces énergies en deçà des capacités de production que permettent les énergies stockables brutes, des dogmes environnementaux sont nés pour empêcher toute souveraineté énergétique dans ces pays. Décroissance rime donc nécessairement avec perte de souveraineté pour nos écolos…
C’est pourtant dans ce contexte économique particulier que se débattent les mineurs de Bitcoin qui sont incités, de fait, à exploiter les inégalités de prix de l’électricité – crées et entretenues par le Marché – entre pays riches et pays pauvres.
Dans ces pays en voie de développement, ils peuvent exploiter de l’énergie à bas coût tout en se prévalant d’être des sources de revenus supplémentaires pour ces Etats du sud global.
Les mineurs de Bitcoin parviennent donc encore à justifier leurs « consommation d’énergie » au nom d’une « contribution au développement économique » que permet la situation géopolitique actuelle ; mais grâce également à quelques niches énergétiques, comme en Islande, qui témoignent de cet exode massif et global des régions autarciques (vis à vis des circuits d’échanges mondiaux) vers les grands centres urbains de la planète, laissant ainsi derrière eux des infrastructures énergétiques performantes en sous-production, capables alors de proposer des prix attractifs aux mineurs de Bitcoin. Ainsi, face aux tarifs élevés généralement appliqués dans les pays d’Europe en particulier, les mineurs sont contraints de se délocaliser dans des pays en voie de développement ou vers des niches énergétiques.
Cependant, les Etats-unis semblent jouer un double jeux en tentant d’attirer stratégiquement les mineurs de Bitcoin sur leur sol tout en continuant à promouvoir l’idéologie propre aux dogmes environnementaux. Aussi, leur proposent-ils des coûts de production très compétitifs dans l’espoir de monopoliser à terme l’activité de minage (et éventuellement de la contrôler géopolitiquement en la redistribuant au travers de pays vassaux, comme ceux de l’Union Européenne, quand le moment sera venu). Ainsi, les mineurs peuvent adapter leur narratif en pointant du doigt l’énorme capacité énergétique sous-exploitée des infrastructures électriques américaines, basées pourtant sur des énergies fossiles. Par ailleurs, la plupart des énergies renouvelables n’interviennent sur ces infrastructures que comme appoint énergétique – et même plutôt comme surplus énergétique se révélant peu rentables pour leurs promoteurs – pour des énergies stockables déjà hautement performantes. Mais le doigt sera mis sur ces énergies renouvelables dans la mesure où Bitcoin se révèle, paradoxalement, un nouveau marché pour celles-ci car elles demeurent, en général, moins rentables énergétiquement et ont besoin de l’autorité des dogmes environnementaux pour l’être financièrement. Les mineurs sont alors autorisés à utiliser des infrastructures électriques américaines traditionnelles, basées sur des énergies fossiles, tout en promouvant les énergies renouvelables pour leur contribution à l’amélioration de ces infrastructures qui peut d’emblée se répercuter concrètement sur le prix de l’électricité et attirer les investissements dans ce type d’activité.
« Faites ce que je dis mais pas ce que je fais » nous disent les USA. On assiste alors à un formidable numéro de contorsionniste de la part des mineurs de Bitcoin entre promotion des énergies renouvelables et exploitation de capacités énergétiques fossiles sous-exploitées ; mais qui s’avère, à court terme, salutaire pour Bitcoin face aux nombreuses attaques médiatiques, judiciaires et fiscales qu’il subit dans les pays développés. Ouf un peu d’air !
Les mineurs peuvent donc prôner leur contribution au « Développement Durable » (chère à l’idéologie libérale actuelle) dans les pays en voie de développement (essentiellement des pays d’Afrique) ainsi que leur contribution à l’adoption de masse des énergies renouvelables tout en exploitant des extra-capacités énergétiques essentiellement issues d’énergies stockables honnies par nos écologistes. Quels enjeux l’emporteront sur Bitcoin : ceux de la Finance ou ceux des Dogmes environnementaux ? Pourtant, jusqu’à l’avènement de Bitcoin, les deux étaient plutôt complices… Aussi, ceux qui sont pourtant les plus éloignés de la philosophie Bitcoin – car d’abord attirés par l’appât du gain – deviennent de farouches défenseurs de Bitcoin, mais en étant toutefois de moins en moins embêtés par le pouvoir… Mais, jusqu’à quand ?
GD